Seyed Hassan Soltani (né en 1964 à Yazd) est un artiste polyvalent qui a bénéficié d’une longue formation supérieure en Iran dans le domaine de la création picturale et des arts visuels après avoir abordé la peinture trés jeune : Diplomé en peinture de l’Université de Tarbiate Moalème en 1992, membre du corps scientifique de l’Université de l’Art en 1993, diplomé en Doctorat des arts visuals( graphique informatique) de l’Université de VGIK de Moscou en 2003. Il est actuellement president adjoint des affaires culturelles et estudiantines et directeur de l’UER de la peinture en Maîtrise et DEA de l’Université de l’Art de Téhéran ainsi qu membre du Conseil de l’Animation de l’Académie de l’Art de l’Iran.
Il a pu se forger une expérience unique à travers une carrière artistique acharnée partagée entre les expositions individuelles et collectives et les seminaries en Iran et à l’étranger, ce qui a contribué énormément à la promotion de son parcours créatif .
Une formation solide, une volonté de fer, des expériences inépuisables, sont autant d’éléments tirés de plusieurs univers culturels et professionnels qui ont joué un rôle fondamental dans la maturité de ses créations.. Entretien
Vous avez été parmi les figures incontournables de l’art contemporain qui ont contribué à la réussite de la semaine culturelle de la République Islamique d’Iran à Rabat. Quelles sont vos attentes par rapport à cette manifestation artistique ?
Seyed Hassan Soltani: j’estime que cette semaine culturelles iranienne placée sous le signe: “ la culture est un moyen de reconnaissance et de rapprochement entre les peuples” a gagné ce pari civilisationnel ; à savoir l’acte d’ affirmer le role primordial que peut jouer la creation dans toutes ses formes d’expression dans le dialogue interculturel ainsi que dans le partage des experiences entre les artistes d’ici et d’ailleurs . c’est tout une plate -forme d’action,d’échange et de découverte dont la démarce consiste à “faire faire “, c’est-à dire de veiller sur la valorization et la promotion de la creation artstique ainsi que les actions à caractère culturel par la bias de partenariats appropriés.
Pa ailleurs, cette semaine a été une occasion pour faire voir quelques facettes représentatives de l’art iranien afin de tisser des liens de reconnaissance mutuelle pour une meilleure coexistence et partenariat entre le Maroc et l’Iran .Elle a été pensée et réfléchie de telle facon que les artistes, tout autant que les visiteurs, puissent s’y reconnaître.
l’originalité de votre projet artistique se situe dans le fait de revisiter la charge symbolique de la colombe via un langage semi -abstrait. Qu’en pensez-vous?
Tout à fait, l’originalité de ma démarche se traduit par un univers plastique multidimensionnel qui s’inscrit dans la culture de la paix, de la tolérance et de la concorde internationale. Je tiens à exprimer ces valeurs nobles vouées à l’amour au sens spirituel du terme, en exploitant la symbolique de la colombe à l’instar de la pensée de Maître soufi Shaykh Farid Eddine Al Attar dans son livre monumental « la logique des oiseaux » : C’est un secret spirituel qui englobe tout et démontre l’unité de l’existence, mais il est aussi le voile suprême dressé devant le Très Haut. Ainsi, la colombe est le symbole universel qui permet la purification des âmes.
En tant qu’artiste Chercheur, j’essaie de mettre en valleur cette culture humaine selon une vision moderne qui repose sur la réflexion, la meditation et la nouveauté .
A travers cette réflexion, on peut se poser la question suivante : Quelles sont les caractéristiques de l’art islamique qui reste la source d’inspiration de votre langage pictural?
Il s’avère très important de souligner que l’art islamique est un art abstrait par excellence vu ses conceptions géométriques et ses unités ornementales. Cette pratique créative axée sur l’élévation et la sublimation témoigne de l’apport de paix et de beauté en terre islamique et de par le monde.
Elle est imprégnée par une soif de majesté, de splendeur et d’ouverture sur l’autre, ce qui montre la richesse de l’esthétique islamique.
L’importance de l’art islamique dans le paysage artistique mondial est évidente : la majorité des tendances contemporaines sont inspirées de cet art dont la philosophie découle essentiellement de la beauté divine, notamment la tendance abstraite.
Il est à noter que la position centrale de l’homme dans la pensée islamique fait de celle-ci un instrument pour l’élaboration d’une mondialisation humaine.
Dans ce cadre, quelle lecture faites-vous de l’art contemporain en Iran ?
L’art iranien, toutes tendances confondues, est conscient de l’utilité du recours à l’expérience spirituelle de l’Islam dans un contexte universel où la modernité a réalisé des progrès stupéfiants et où le monde est devenu un « village planétaire ».
Loin de toutes les contraintes matérialistes, l’art iranien fournit une source intarissable de lumière et d’inspiration et nous éclaire sur les conflits et les intolérances en soulignant la nécessité d’une démarche concertée pour la réalisation, par l’homme, d’une individualité transcendante et harmonieuse au sein d’une collectivité fructueuse et productrice.
Comme le Maroc, l’Iran, terre de spiritualité, a offert au monde de nombreuses expériences artistiques aussi bien au niveau de la peinture qu’au niveau de l’architecture dont l’influence a marqué la vie intellectuelle à l’échelle mondiale.
Le Maroc a tissé des liens profonds de coopération et d’échange avec l’Iran. Comment appréciez-vous le partenariat bilatéral au niveau de la promotion culturelle et artistique?
On pourra sans peine reconnaître là l’importance de la culture islamique qui demeure le point commun dépassant les limites géographiques. C’est la source inépuisable qui a beaucoup inspiré la peinture et l’architecture dans nos deux pays frères.
On a développé un véritable plan de coopération culturelle et gagné la confiance de nos partenaires marocains pour des actions artistiques éclectiques et pétillantes. Reste à assurer la continuité des rencontres culturelles qui réunissent d’une manière régulière des sommités intellectuelles et artistiques du Maroc et de l’Iran pour un échange d’idées et des débats autour des préoccupations cruciale de l’humanité et des moyens susceptibles de cultiver l’esprit du partage et du dialogue.
A ce propos, je tiens à remercier chaleureusement l’artiste peintre de renommé internationale Houssein Tallal d’avoir initié ma participation au Festival International des Arts Plastiques de Settat organisée par l’Association Bassamat Chaouia Ouardigha. C’était une occasion pour avoir une idée générale sur quelques tendances de l’art contemporain au Maroc. J’ai appris, également, par l’intermédiaire de l’Ambassade de notre pays au Maroc que Houssein Tallal a contribué judicieusement au montage de la première grande exposition de l’art iranien à Casablanca.
En tant que president adjoint des affaires culturelles et estudiantines et directeur de l’UER de la peinture en Maîtrise et DEA de l’Université de l’Art de Téhéran ainsi qu membre du Conseil de l’Animation de l’Académie de l’Art d’Iran, je suis prêt à développer davantage les rapports d’échange et de partenariat avec les Ecoles Supérieures des Beaux Arts au Maroc. J’avoue qu’il y a des bons artistes marocains qui ont pu produire des œuvres remarquables au point de vue esthétique, ce qui confère à l’art marocain une qualité et une originalité incontestables.
Quelle est votre conception d’art ?
A mon sens, l’art est un pacte spirituel qui suscite la lecture et la méditation. C’est un moyen visant la connaissance de Dieu, ce qui suppose la réalisation de certaines conditions en termes de sublimation et d’excellence des comportements. C’est vers ce but ultime que les artistes vont progressivement tendre. On peut comprendre donc que l’art est le médiateur qui mène vers Dieu, celui qu’on cherche à aimer plus que quiconque, amour sans lequel toute foi demeure incomplète. J’essaie de percer les secrets de la vérité, ce qui va augmenter ma passion pour l’art et la beauté. Il s’agit d’un cheminement qui nous pousse à se débarrasser de nos prétendues connaissances et de toutes nos certitudes qui constituent autant de voiles.
Enfin, l’art est parmi les médiateurs de toute existence et de toute connaissance. C’est un moyen visant la purification de l’âme et ce pour mener le récepteur vers la contemplation.