Evasions à l’état naturel
Les œuvres récentes de l’artiste plasticienne Khadija Lailani Lahlou (vit et travaille à Casablanca) nous fait voir une peinture gestuelle et bien recherchée axée sur l’ expression libre et l’élan abondant des couleurs et des formes. Elle extériorise les états d’âme instantanés et extatiques dont la forme archétypale récurrente est les scènes fluides impressionnantes.
Après avoir peint avec adresse et sensibilité des scènes pittoresques du Maroc profond à travers l'art figuratif, Lailani donne libre cours à sa faculté conceptuelle et imaginative, en tissant dans un flou lointain un monde lyrique et informel et en mettant en scène des spectacles et des rythmes de sa nature intérieure.
Ses œuvres connotatives mettent en toile le motif naturel et l’élan des formes à travers un langage symbolique riche en messages et sens. Chaque œuvre relate une histoire et dégage une lumière cosmopolite et des marines expressives.
La toile labyrinthique est considérée comme une arène dans laquelle agir, plutôt que comme un espace où reproduire, redessiner, analyser ou exprimer un objet, réel ou imaginaire. Ce qui naissait sur la toile n'était plus une image mais un geste débordant qui émane de la vie intrinsèque et substantielle. Le jet imposant de la couleur en tant que leitmotiv est né d’une idée de soi très profonde chez cette artiste oniriste. Ainsi, le temps, l’être et l’espace, l’identité invisible et la relation subjective au monde sont des données fondamentales. Le principe qui soutient le langage informel est l'autoréférentialité de l'œuvre. Le tableau ne réfère plus qu'à lui-même. C'est en quelque sorte la spécificité du médium. Lailani libère la peinture des contraintes du réalisme anecdotique. Le médium pouvait donc prendre une orientation moins définie, plus abstraite, qui se rapprocherait davantage de la musique pure. Elle cherche à reproduire rythme et harmonie.
L'imagination créatrice
La quête spirituelle conduit Lailani à explorer toujours plus avant les territoires oniriques et à produire des œuvres qui déroulent comme malgré elles des narrations. Chaque tableau mêle mémoire et histoire, passé et présent. Elle nous expose son expressionnisme abstrait qui n’est pas une école mais une tendance et une communauté de convictions partagées par certains peintres venant de la figuration. Dans le sillage des artistes abstraits et matiéristes, elle présente des œuvres ouvertes, non-finies, grâce à des procédés comme fragmentations, gestion atmosphérique de l’espace, articulation. Elle nous montre les traces de nos rêves et nous donne bien à penser qu’il y a différentes manières de voyager. Les toiles déclenchent l'imagination créatrice et laissent conduire par les sensations de couleurs fuyantes et de tous les tons transparents. Ainsi par delà l'espace et le temps de la mémoire ou des associations d'idées règnent dans cette œuvre l'alchimie des détours de l'esprit et celle des désirs enfuis. Qui donc dira ce qu'il reste du voyage quand il approche de son but ? Seule la musique des couleurs, et le rythme des formes ou la mesure du trait nous informent encore, au bord du chemin. C'est au sujet des traces de nos plus anciens rêves que l'artiste nous parle ici. Ceux là même dont plus personne, et peut-être pas nous-mêmes, ne se souvient.
En améliorant davantage la qualité de son acte plastique et en accentuant son harmonie, Lailani intègre dans ses peintures des reliefs qui dégagent les valeurs du temps. Ce procédé personnalisé est un moyen de conférer, comme par magie, à ses univers expressionnistes une renaissance, une vie nouvelle, tout en gardant l’empreinte du passé et de la mémoire. Reste à dire que cette artiste est passionnée par le mouvement qui évoque la nature universelle des aspirations humaines. Cette artiste exposera à la troisième édition de Foire Internationale de l’Art Contemporain de Casablanca organisée par Everycom du 3 au 10 decembre2011 au Forum de la culture de Casablanca ( ex.Cathédrale Sacré Cœur)