L’inacceptation des identités meurtrières dans l’œuvre de FATHY

    L’Association Mouvement Art Contemporain de la ville de Chamalières (France) organise depuis le 26 mai précédent et jusqu’au  27 août 2011 une exposition des dernières œuvres de l’artiste marocain Noureddine FATHY, et ce à la Galerie d’Art Contemporain de la ville et en collaboration avec sa mairie. Zoom sur l’exposition.



    Said Ahid



    Tel l’écrivain qui est, selon Abdelkébir Khatibi, « une tête chercheuse de la trace », Noureddine Fathy quête sa propre trace, une trace spiritualisée qui sonne le glas des frontières entre le « je » et l’« autre », l’« ici » et l’« ailleurs », le « local » et l’«universel ».
    « Je est un autre », la proposition paradoxale de Rimbaud est picturalement lisible dans toute l’œuvre de Fathy, sa globalité et ses composants. Elle la sillonne pour signifier l’inacceptation des insoutenables ténèbres des identités meurtrières théorisées, et mises en application, maintenant et partout.

     



    C’est bien Aristote qui confie : « O amis, il n’y a point d’ami ». Et c’est bien Nietzsche, « le fou vivant », qui s’écrie comme pour lui pondre : « O ennemis, il n’y a point d’ennemi ». Fathy, dans son projet artistique réfléchi esthétiquement et raisonné culturellement, glorifie ce Nietzsche-là : les différences entre l’«ici» et l’«ailleurs» ne sont point, ne doivent point être, intrinsèquement, génitrices de choc des civilisations, de confrontation des patrimoines, de négation de l’étranger. Les différences sont, plaide l’œuvre de fathy , enrichissement mutuel, hospitalier et généreux . N’est-ce-pas ce qui suinte de l’imaginaire véhiculé par son corpus plastique lorsqu’il puise, simultanément, dans les symboliques judéo-chrétienne et arabo-musulmane, dans l’iconographie de l’« autre » et la calligraphie du « je », non pour les opposer, mais dans le but prémédité de les allier ? D’autant plus que cet imaginaire s’inspire, en les rénovant, les actualisant et les dotant d’une dimension spirituelle, des legs marocain  (dans toute sa diversité: arabe, amazigh, juif, négro-africain…) et mondial (dans la plénitude de son universalité). Aussi le « local » de Fathy , et chez lui, s’inscrit-il dans l’«universel »,  s’y intègre, foncièrement, par la force de l’inéluctable dialogue interculturel.

    Tel l’écrivain qui a, toujours selon Khatibi, « à inventer de nouveaux territoires », Fathy formule une vision de l’art et de la vie innovante autant qu’ancrée dans le socle d’une spiritualité qui unit, unifie et harmonise les certitudes incertaines et les incertitudes viscérales des êtres éparpillés sous des cieux aspirant à un repos mélancoliquement optimiste. Il plaide pour une esthétique du renouveau, de la découverte d’horizons communs aux êtres, de la perception des temps présents en tant qu’espaces de passage entre un passé non enterré et un devenir encore hermétique, qui discerne l’humain en l’humain, l’absent en le présent, le spirituel en  la chair. Met en situation l’économie des couleurs et la profusion des espaces et des formes mués en prétextes pour restaurer l’essence dissimulée des mythes révélateurs du temps qui fuit.
    Fathy, en  réalité écrit, un cantique à la gloire de l’aimance qui est, pour Khatibi, «Une relation de tolérance réalisée, un savoir-vivre ensemble, entre genres, sensibilités, pensées, religions, cultures diverses (qui) ne nie pas notre souffrance en partage ».  
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