Najat Moufid a fait l’Ecole des beaux-arts de Casablanca dans les années 80 du siècle dernier. Elle a eu l’occasion d’exposer en groupe au sein d’associations locales ou de festivals régionaux. Sa peinture mérite qu’on s’y intéresse sans réserve.
L’art de Najat Moufid offre d’emblée un spectacle joyeux, comme il est d’une délicatesse toute féminine, oserions-nous dire. L’espace que l’artiste planifie reste ouvert sur tous ses bords. Au niveau des formes, on a l’impression d’être en présence de trames de tissus découpés et grossis à la loupe, à un ourdissage infinitésimal, mené à ras des motifs. Le graphisme, qui définit les formes et identifie le mouvement, se fait répétitif à souhait; c’est un graphisme à caractère sériel, qui prend volontiers l’allure d’un surjet synchronique, symbolisant le chiffre décimal huit. Un chiffre qui se transmue parfois en la silhouette d’un personnage onirique, à peine sorti des limbes.
La technique déployée apparaît de la sorte être un procédé manuel, aux dimensions reproduites indifféremment d’une œuvre à l’autre, avec des touches particulières, concertées au niveau de la composition.
Najat Moufid semble « tisser » ses toiles, les peuplant d’effets lumineux dont l’harmonie est plus qu’évidente. La minutie mise dans son « mécanisme » et le dosage des couleurs (primaires dans l’ensemble) débouchent sur une réalisation hyperréaliste dans l’esprit comme dans la lettre. La notion d’infini, qui habite les trames et les dynamise, met en corrélation celle du temps, les surfils croisés en exprimant, exponentiellement parlant, la durée et l’élasticité.
On retrouve d’ailleurs dans tout le travail de l’artiste cette fluidité des formes et cette régularité dans l’exécution, qui rappelle passablement l’élaboration des tapis, un art abstrait par excellence.
Najat Moufid produit une peinture tactile, à sensibilité vernaculaire et qui interpelle à sa manière le patrimoine artisanal. C’est aussi un art qui fait grand cas de la lumière comme partenaire essentiel dans son investigation plastique ; lumière qui met à nu les nuances de la couleur et installe, au niveau du regard, un confort visuel à partager.