Mohammed Issami expose à Casablanca

Féminité poétique

LAREDO ART GALLERY DE CASABLANCA abrite du 30 Juin au 10 Juillet 2011 l’exposition de l’artiste peintre Mohammed Issami Moden  (vit et travaille à Casablanca).

{flv}issami{/flv}

{flv}3samiaoula{/flv}

{flv}3samiarrabia{/flv}

La démarche  de cet artiste naiviste    reprend la grande préoccupation  de l’acte plastique, celle  de voir et d’interpréter. Il juge le culte de la forme   comme « pureté » et «  texture ». La forme naïve moderne  chez Issami   est déconstruite et toutes ses facettes sont représentées en fragments, sans aucun égard pour la perspective classique. Cette recherche se caractérise par un chromatisme très saturé. La lumière occupe une place très importante et elle se répartit de manière différente sur chaque fragment. Partisan du « néoplasticisme », l’artiste  opte pour une  rupture avec la vision réaliste. Il abandonne  l'unicité de point de vue du motif pour en introduire de multiples  scènes sous des angles divers, juxtaposés ou enchevêtrés dans une même œuvre. Il s'affranchit  de la perspective pour donner une importance prépondérante aux taches gestuelles dans l'éclatement des couleurs et des formes : Carrefour  symphonique à travers lequel  se présente la rhétorique  des formes les autres facettes de la femme, l’acte pictural de cet artiste  hypersensible  se veut une quête  perpétuelle   pleine de découvertes et de retrouvailles. Espaces très clairs au niveau du centre d’intérêt, ses toiles découlent de l’harmonie sous-jacente des tons  multiples qui unifient les couleurs entre elles et imbriquent les touches interrompues sans les souder.  Après avoir peint des tableaux   figuratifs  (natures mortes, paysages, nus, et scènes réalistes),  Issami   oriente sa démarche  néo représentative vers la voie spontanée de  l’expressionnisme abstrait, dont la production se situe à mi- chemin entre la poésie et la peinture pour mettre en relief l’osmose spatiale et le sens cosmique des harmonies chromatiques. Artiste chercheur et alchimiste aguerri, Issami a suivi son itinéraire  avec beaucoup d’exigence et de passion. Il consacre tout son temps à l’exercice de l’acte pictural pour  interpréter à sa manière les beautés et la luminosité  des structures rayonnantes selon des motifs  anecdotiques   qui s’offrent à  nos  yeux sous une lumière constamment changeante et multidirectionnelle.


Très influencé par l’expressionnisme et l’art naïf, Issami, plasticien et décorateur,   affirme sa personnalité par une grande rigueur dans le traitement des formes à travers le langage envoûtant des couleurs. Il exerce son art  en toute liberté, dans la ligne de la novelle figuration, poursuivant et évoluant dans sa manière toute personnelle. Il impose par ses toiles son acte créatif issu de la contemplation et de la recherche d’un univers d’équilibre et de sérénité au milieu du chaos et de l’éclatement du monde. Il est comme un poète illuminé qui nous donne une visibilité nouvelle.
Artiste éclectique,  Issami   est  l'auteur d’une œuvre expressionniste, il  s’intéresse au «Maroc culturel pluriel », illustrant la sensibilité créative d’une génération à cheval entre l'authenticité et la modernité. Son écriture plastique, tout comme son discours profond, s’attache à rendre la vie de la matière composite, le rythme  visuel des couleurs. Le souci majeur est de  saisir les contours premiers de notre existence à la fois  effective et symbolique. Dans ses œuvres récentes, Issami esquisse ses impressions  en profondeur pour restituer des images polyphoniques, mais combien captivantes. Une harmonie où l'artiste  s’épanouit et s’exprime. Dans chacune de ses œuvres vouées à plusieurs interprétations, il y a un peu de la réalité et de l'imaginaire.

Grâce à une écriture lumineuse qui dégage de la texture de la toile, Issami  interroge l’Humain  et le Naturel avec une grande faculté imaginative et  alchimie. De toile  en toile, l'acte de peindre  est devenue un pacte  de revisiter notre mémoire tatouée.  Il s'agit d'un acte métaphorique qui mêle la transparence  à l'opacité.  A l'instar des oniristes,  l'artiste tisse, avec minutie  et talent,  un  univers polysémique, mémorisable et reconnaissable. Cet  univers n’est pas juste le fruit de l’imagination et de souvenirs d’enfants, c’est aussi un travail de documentation et de recherches approfondies. Il s’est intéressé aux légendes, aux symboles  et à la grande histoire des  cités  impériales. Issami  invite, donc,  à la découverte et au partage. Un voyage guidé au cœur de nos géographies mentales et de nos jardins secrets. Elle  n’est pas seule  dans cette aventure.
Pour Issami, la perception visuelle enrichit l'espace figural. Il  est  loin d’être une  puriste de l’écriture plastique. D’ailleurs, Il   est à la fois peintre symboliste et expressionniste. Entre ces deux registres  de création, il trouve son équilibre et son état d'être. Cet artiste a réussi à puiser les forces et les qualités des  cultures qu'il a côtoyées. Une formation solide, un goût de liberté et d'autonomie, des souvenirs inépuisables de son enfance à Casablanca  sont autant d'éléments tirés des univers  infinis de la beauté avec lesquels il est  capable de réinterpréter  pour s'épanouir dans une œuvre sincère.

Abdessalam Khatib


This email address is being protected from spambots. You need JavaScript enabled to view it.
www.artissami.com
06 61 90 69 64

Un typologisme plastique particulier


Depuis qu’il a commencé à exposer, Issami s’est découvert une manière à lui de représenter le réel, c’est-à-dire ce que sa sensibilité définit comme tel. Sa palette, d’une exubérance et d’une lyrique particulières, fait cas de tout ce que le spectre chromatique est capable de lui proposer comme expressions nouvelles, à base d’huile et matière conjointes, dont les tons sont on ne peut plus frappants.
La ligne courbe et, parfois, le dessin cubique dominent l’esprit des formes de cet artiste autodidacte ; ils sont renforcés par un contour épaissi à dessein, délimitant les éléments peints et faisant office d’entités plastiques autonomes. Les aplats charpentent l’espace, que Issami irrigue d’effets intenses frisant le clinquant…
C’est un espace figural, comme de facto, qui se continue en une série d’œuvres de différents formats, reprises différemment et sans arrêt, autour d’une focale constante, celle d’un ordonnancement paysagiste, avec des indices floraux imaginairement conçus, une horizontalité perspective rassurante et une distribution de la lumière à des fins d’équilibre et de contraste.
Chez Issami, autodidacte donc, la multiplicité des figures et personnages féminins, dans quelque position que ce soit, pose en gros un problème affectif caractérisé, à travers leur typologie ressemblante, leur mise en scène, la nature des couleurs déléguées à telle ou telle forme, et du silence impossible qui règne dans la toile. L’artiste développe là une thématique de la femme qu’il veut spécifique de sa psychologie ; il la rehausse de touches significatives, ayant les relents d’une cause formulée en procédés faussement décoratifs. Une vague ironie, pour ne pas dire une amertume, filigrane le chromatisme et suggère aux figures, surtout au niveau des yeux grands ouverts, apparemment étonnés, mais en fait ahuris et comme pris en faute, une sourde violence révélée par la crudité de la matière.
Une thématique qui exalte indifféremment les tons, ressurgissant sur tous les bords et ressortant, en même temps, une veine descriptive personnelle, convenant à la pratique représentative de l’artiste.
Presque toutes les œuvres cultivent une même idée plastique : celle en effet de la mise en valeur du personnage féminin, en rapport étroit à la subjectivité et confinant à une sorte de portraituration inverse. Par ailleurs, l’artiste s’ingénie à ouvrir des nouvelles brèches dans son iconographie, pour inclure d’autres éléments de composition étayant davantage son langage et sa conception des formes : mobilier traditionnel, objets d’usage, de décoration, architectures locales, créant une atmosphère vitale identifiable et passablement maniérée, qu’il condense sur le mode naïf. Issami Intègre aussi, plastiquement, des surfaces complémentaires, travaillées en relief ou à l’aide de touches, suscitant de la profondeur au niveau des plans. La matière est traitée brutalement, sans esthétisme, de même les couleurs, directement utilisées, affichent leur brillance chimique, comme pour un joyeux exercice d’improvisation et de spontanéité.

Abderrahman Benhamza

{gallery}missami{/gallery}