أنثى الدهشات

أنثى الدهشات
وداد بنموسى 
حين التقيت سلمى الشرايبي أول مرة في ذات مناسبة عابرة، لم تترك في أعماقي كبير ا

لأثر- والحق يقال - ، مرتْ هكذا طيفا مسرعا يتبع خطو حياة يومية بتفاصيلها التي ندور جميعا في رحاها...
ثم التقيت سلمى مرة أخرى، وثالثة ورابعة...وازداد تعشقي لاكتشاف هذا الكائن البسيط الذي تكونه، فبدأت أكتشف المرأة أولا: عمقها في الحديث، إصغاءها الرهيف لأدق نبضات بوحك، حدسها القوي فيما قد يأتي من قادم الأحداث، ودفئها الروحي الذي أدهشني...
هل أنزه نفسي عن مرض المجاملات الفارغة فيما يخص لوحاتها إذا كنت بالصدق الوارف قد تحدثت عن المرأة فقط؟ ذلك من حقي، ومن حقي أيضا أن أ ُجهرَ برأيي المتواضع أنها في رأيي أول من تناول جسد المرأة في أبهى تجلياته وأعنف عنفوانه وأصدق مواجده....
في لواحتها خبل الجسد حاضر، سكونه ولواعجه، شهقاته والتواءاته، رقصاته وإحباطاته، تمكنه وتمنعه... أليس الجسد مفتاح الروح، هي العصية على الإدراك؟
في لوحات سلمى أيضا، هناك التشظي حاضرا كأنه الانكسار أو التشتت الذي سرعان ما يتوحد في إطار،جزئيات ، ألوان ، أطياف هنا وهناك، من الجسد تتخلق أجساد، ومن حركة واحدة تتلاحق حركات أخرى كأنها تنبئ بالشبق، بالشهوة، بالرغبة في الغواية والافتتان..حتى لكأنك وأنت حيالها ،تكاد تسمع أصوات كأنها الأنين...

 


إنه الإيمان القوي بجدوى الأنوثة، أليس شيخ العارفين محي الدين ابن عربي يقول: " ما لا يؤنث، لا يعول عليه"، ربما هذه العبرة الذاهبة في الحقيقة، هي التي تطبقها سلمى الشرايبي ، واضعة نصب عينيها، صور الفاتنات اللوات حركن العالم بفتنتهن..
سلمى أنثى... لكن أنثى اللوحات أقل خجلا وأكثر عنفوانا...إنها أنثى الدهشات

 

Meryem Chraïbi,
Des Cybèles
Adepte des jeux de mots et des référentiels mythiques, l'artiste Meryem Chraïbi, cible par ce titre une double allusion. La première par homonymie, « décibels » est symbolique d'ondes, d'interférences, de vibrations à la recherche donc de la communication avec l'autre. La deuxième « des Cybèles » renvoie à la mythologie. Cybèle est la déesse phrygienne de la nature et de la fertilité, promesse et espoir de prospérité, mystérieuse néanmoins parce que complice du temps, des êtres et des évènements que celui-ci génère.

Cela correspond chez l'artiste Meryem Chraïbi à une étape féconde, intense et décisive dans le processus des métamorphoses du travail, son évolution vers l'accomplissement. En fait, elle quitte les cimaises de son cabinet d'architecture pour marquer au grand jour l'espace public, un engagement prometteur de pérennité. La chrysalide étire donc ses voiles translucides et déploie ses ailes vers les infinies libertés. Aussi se hisse-t-elle à travers la grande porte. Il n'est pas fortuit à cet égard, de choisir d'exposer précisément à la galerie Bab El Kébir, Joyau de l'architecture almohade (1150, sous le Sultan Abdel Moumen) chargé d'histoire et de mémoire, impressionnant par la hauteur de sa voûte (13 mètres) et la solennité de ses murs et ses arcades. Forcément, l'esprit des lieux s'empare du souffle et dicte entre ciel et terre les dimensions, la succession des tableaux en un langage subtile d'élan porteur de sens, d'équilibre et d'élévation. Les installations, soyeuses, souples et ondoyantes investissant la verticalité du lieu, sont conçues dans ce dessein.



Par ailleurs, l'association œuvre d'art et parure féminine suscite l'étonnement, interroge et pourtant le message en est clair et mérite que l'on s'y attarde. La mode ! N'a-t-elle pas un impact annonciateur des saisons, marquant la foule, déterminant l'air du temps ? Elle est couleur, forme, volume, agencement, matière… Elle est de surcroît animatrice fébrile de joies intérieures en invoquant le rêve, l'émotion plurielle dans tous ses états, visuel, olfactif, tactile... Dans cet éclectisme l'expression artistique s'abreuve… l'appréhension du beau se fait souveraine de quelque univers qu'elle soit. Et en fait, c'est dans la quête constante des correspondances que le travail de Meryem Chraïbi se fait instigateur.

Elle offre au regard une théâtralité mouvante et fragmentée. De prime abord, fulgurance chromatique, netteté du graphisme et dynamisme des lignes invitent à l'appréhension d'une œuvre abstraite. A lire cependant de plus près, tout un univers scénographique de spectacle s'érige en plans pluriels, personnages interactifs, postures en communion… Ascension et luminescence exaltent la féerie. La fractale des éléments dans des cieux tantôt incandescents, tantôt opaques, noirs ou tout simplement blancs, interpelle, saisit et enchante à l'instar d'un mouvement final de symphonie.



Le calme imperturbable de l'artiste, tout en attente et disponibilité, patience et minutie face à l'insaisissable limite entre le matériel et l'immatériel, déconcerte tant il est vrai qu'une vision, un déclic prometteur ou une mélodie peuvent vous surprendre et s'emparer de vous complètement. Quand ? Comment ? Où ? Seule l'œuvre d'art, imminente et infiniment immuable, en décide.

Zineb Abderrazik Chraïbi
Rabat - 8 Novembre 2010